[30 janvier 2008]
NEWS - A L'ÉCRAN : Astérix aux
Jeux Olympiques - 10.000 B.C. - Spartatouille
Au cours du trimestre, nous avons vu paraître successivement
sur le grand écran : Astérix aux Jeux Olympiques
(Frédéric Forestier & Thomas Langmann),
10.000 B.C. (Roland Emmerich) et Spartatouille
(Jason Friedberg, Aaron Seltzer). L'occasion d'une petite
chronique.
ASTÉRIX AUX JEUX OLYMPIQUES
Réal. : Frédéric FORESTIER & Thomas
LANGMANN
Scén. : Olivier DAZAT, Franck MAGNIER, Alexandre CHARLOT
& Thomas LANGMANN, d'après la BD d'Albert UDERZO
& René GOSCINNY)
Images : Thierry ARBOGAST
Musique : Frédéric TALGOM
Avec : Clovis CORNILLAC (Astérix) - Gérard DEPARDIEU
(Obélix) - Alain DELON (Jules César) - Franck
DUBOSC (Assurancetourix) - Jean-Pierre CASSEL (Panoramix)
- Benoît POELVOORDE (Brutus) - Vanessa HESSLER (princesse
Irina) - SIM (Agecanonix) - Adriana KAREMBEU (Madame Agecanonix)
- Jérôme LE BANNER (Cornedurus) - Stéphane
ROUSSEAU (Alafolix) - Nathan JONES (Humungus) - Michael SCHUMACHER
(Schumix) - Jean TODT (commentateur de la course) - José
GARCIA (Couverdepus) - Santiago SEGURA (Doctormabus) - Michael
Bully HERBIG (prétorien Pasunmotdeplus, bras droit
de Brutus) - Alexandre ASTIER (1)
(prétorien Mordicus, bras gauche de Brutus) - Elie
SEMOUN (Omega, juge olympique 1) - Luca BIZZARI (Alpha, juge
olympique 2) - Paolo KESSISOGLU (Bêta, juge olympique
3) - Bouli LANNERS (roi Samagas) - Francis LALANNE (Lalannix)
- Dorothée JEMMA (Bonemine) - Elric THOMAS (Abraracourcix)
- Fernando TEJERO - David BECKHAM - Zinédine ZIDANE
(Numerodix) - Tony PARKER (Tonus Parker) - Jamel DEBBOUZE
(Numérobis) - Pierre TCHERNIA (narrateur)
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C'est entendu. C'est une comédie, et une comédie
ça fonctionne sur les poncifs. Adoncque, Brutus-Poelvoorde
mène complot sur complot pour renverser son «empereur
romain» de père Jules César-Delon («Avé
moi !», lassant !). On ne va donc pas mégoter
sur les prétoriens, qui n'existaient pas encore, sur
le roi de Grèce Samagas qui règne dans la ville
d'Olympie (qui en réalité n'était pas
une ville, mais un sanctuaire). Ni sur le cirque romain où
se déroule la course de chars, architecturalement plus
impressionnant que le modeste hippodrome grec).
Le scénario du film n'a plus grand chose en commun
avec la BD originale, où César et Brutus n'apparaissaient
d'ailleurs pas - ni non plus la course de chars -, si ce n'est
la tricherie des Romains dopés à la «potion
magique». Brutus vient, lui, de l'album Astérix
gladiateur et Alafolix est un jeune loustic de gaulois
inspiré de l'amoureux transi Tragicomix (Astérix
légionnaire) et aussi, un peu, de Goudurix (Astérix
et les Normands).
En fait, outre l'envahissant Brutus et la parodie de la course
de Ben Hur, le film s'inspirerait plutôt du mythe
grec fondateur des Jeux olympiques (2).
Celui de Pélops qui, pour pouvoir épouser la
princesse de Pise Hippodamie, doit affronter son père,
le roi nomaos, dans une course de char dont l'issue
sera mortelle pour le vaincu. En effet, le roi nomaos
- qui gagne toujours, grâce à ses chevaux qu'il
tient du dieu Poséidon - a coutume de percer de sa
lance le prétendant malheureux. Alors Pélops
circonvient Myrtilos, le cocher du roi, qui remplace la clavette
de bronze de son quadrige par une autre en cire. C'est au
moment de doubler la borne appelée Taraxippos
(«Epouvantail à chevaux»), que le char
d'nomaos se fracassa. Pélops épousa sa
belle et devint roi de Pise; il institua des jeux funéraires
en la mémoire de feu son beau-père, consistant
en une course de chars. La course de chars des Jeux olympiques
commémorerait donc la victoire de Pélops, le
héros éponyme du Péloponnèse.
Dans le film Astérix..., le jeune Alafolix doit
vaincre son rival Brutus, prétendant à la main
de la princesse Irina («Paix», en grec).
Alafolix n'est guère doué comme poète
- c'est le lourdaud Obélix qui les écrits pour
lui, non sans talent d'ailleurs - ni comme sportif. Il ne
gagnera finalement la course que faute de concurrents, lesquels
se sont tous crashés, tandis que Brutus est disqualifié
grâce à la ruse d'Astérix et de Panoramix.
Alafolix est le type même du niais qui poursuit un rêve
impossible. Un anti-héros à la mode, qui croit
que le désir supplée au talent. A vrai dire,
ici nous hésitons entre écrire - comme on
l'aurait écrit autrefois - qu'Alafolix poursuit
une quête initiatique, que le film est un roman d'apprentissage
(les «Contes Bleus» abondent en niais de ce genre,
tel celui-là qui voulait «connaître la
peur», le prototype de Goudurix justement), ou - comme
on dirait plutôt aujourd'hui - qu'Alafolix reflète
une certaine jeunesse larguée, laissée pour
compte (la zone, les banlieues sensibles, le décrochage
scolaire etc. [3]).
Alafolix est un avatar des Charlots et autres Sous-doués
chers à Claude Zidi, qui «font ceci» et
«ratent cela» !
Malgré sa morale douteuse, le film n'est nullement
désagréable à regarder même si
nous n'avons guère ri : en fait, nous rions peu au
cinéma, si ce n'est intérieurement (le film
qui, de bon cur, nous a le plus fait rire ces trente
dernières années était sans aucun doute
Les aventuriers de l'Arche Perdue). Aussi devons-nous
avouer que 10.000 BC, vu à la séance
suivante, était autrement plus prenant...
Astérix aux J.O. sur ce site
Sur cette reconstitution
du site d'Olympie par Jean-Claude Golvin, on aperçoit
en [25] (en haut, à droite) l'hippodrome grec.
Les spectateurs se disposaient sur le flanc de la colline.
Rien à voir avec le monumental cirque romain
du film, tout de marbre et travertin ! |
Fragment d'un vase peint
par Sophilos (circa 580-570) : la course de chars
à l'occasion des jeux funèbres de Patrocle.
Le principal intérêt de ce document réside
dans la très rare représentation des gradins
autour desquels courent les compétiteurs. Reste
que les fouilles archéologiques à Olympie
suggèrent que l'hippodrome où avaient
lieu les courses de chars était très modestement
aménagé. Musée national archéologique
d'Athènes. Extr. Ph. de CARBONNIÈRES,
Olympie. La victoire pour les dieux, CNRS, 1995 |
A propos des Jeux olympiques
Nous sommes en 2008. Dans quelques semaines, se dérouleront
des Jeux Olympiques à Pékin, jeux très
contestés car s'ils sont censés symboliser la
paix et l'amitié des peuples, le régime communiste
chinois ne passe pas pour un exemple de démocratie.
De fait, voici cinquante ans que celui-ci occupe arbitrairement
le Tibet. Mais ce n'est pas à nous de le rappeler ici.
Certains en appellent au boycott, d'autres prétendent
que le sport n'a rien à voir avec les considérations
politiques. C'est sans doute pour cela qu'en 1972, la blanche
Rhodésie fut exclue des J.O. de Munich sous la pression
de trente-cinq pays africains et malgaches menaçant
de se retirer. Aujourd'hui la Rhodésie, devenue le
Zimbabwe, est un des pays africains les plus pauvres - mais
passons. (Sur Wikipédia
on trouvera la liste assez impressionnante des boycotts et
pressions politiques subies par les jeux modernes.) Nous aimerions
seulement rappeler deux ou trois petites choses à propos
du symbolisme olympique.
A. Les J.O. antiques
Les jeux olympiques furent officiellement instaurés
en 776 av. n.E. par Iphitos, roi de Pise en Elide, et reconduits
tous les quatre ans au moins jusqu'en 261 de n.E. Ils demeurèrent
d'abord sous la tutelle de Pise, jusqu'à la destruction
de cette ville par sa voisine et rivale Elis qui, désormais,
en reprit les rênes.
«Le mot grec pour désigner
la fête, panegyris, signifie la rencontre de
tout un peuple qui vient se livrer à l'adoration dans
un sanctuaire commun», note le dictionnaire de l'Université
d'Oxford (4).
A l'origine les jeux consistaient en diverses compétitions
de course à pied; plus tard sont venus le lancer du
disque et du javelot, la lutte, la boxe, les courses de chevaux
ou de char. La course en armes fut une des dernières
à venir s'ajouter, mais elle sanctionnait de fait la
«révolution hoplitique».
Cinquante ans après la bataille des Thermopyles, Hérodote
vint y lire des extraits de ses uvres. Les Jeux Olympiques
n'étaient pas fermés aux choses de l'esprit
! (Lors de leur restauration fin du XIXe s., les J.O. modernes
à l'exemple des antiques incluront des concours artistiques
et littéraires, abandonnés depuis [5].)
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Prenant le contrepied
des belles images de la peinture académique...
ou des péplums, ces images de la lutte
turque ou kirpinar nous laissent entrevoir
à quoi pouvait bien servir le strigile,
l'instrument servant à racler la peau
(sueur, huile et poussière) agglomérés
pendant les exercices sportifs des athlètes
antiques (photos extraites de l'article d'Eugène
Crespin, in Karaté, nç 8, avril
1975)
Toutefois, à la différences des
Grecs, les lutteurs turcs - pudeur musulmane
exige - portaient une culotte en cuir de vache
finement travaillé, qui pouvait aider
aux prises...
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Symbole du paganisme, ils furent définitivement abolis
en 391 (ou en 394 ?) par l'empereur romain chrétien
Théodose le Grand. En 426, Théodose II poursuivit
l'«uvre» de son grand-père en faisant
raser le dernier temple païen celui de Zeus - les édifices
civils, dont l'atelier de Phidias, étant eux transformés
en églises chrétiennes.
Olympie ravagée par les Grecs (6)
Comme dans les J.O. modernes, Olympie fut souvent l'enjeu
de rivalités politiques ou victime de conflits armés
entre ses voisins.
On l'a dit, Pise fut détruite par sa voisine Elis en
580, l'année précédant la la 50e Olympiade
(579), aboutissement d'une longue rivalité concernant
la direction des jeux.
A l'occasion de la 103e olympiade, les Arcadiens s'emparèrent
d'Olympie.
Lors de la 112e olympiade (332 av. n.E.), Athènes fut
exclue des jeux car elle n'avait pas acquitté l'amende
infligée au pentathle Callipos, corrompu.
On rapporte encore l'exclusion de Sparte, lors des 90e jeux
olympiques (420 av. n.E.).
Deux siècles plus tard, Machanidas de Sparte pilla
Olympie (210 av. n.E.).
Olympie fut encore pillée par le Romain Sylla en 86
av. n.E. Celui-ci voulait transférer les jeux à
Rome, qui devait alors devenir le centre consacré du
monde gréco-romain. Lors des 175e jeux olympiques,
en 80 av. n.E., les Romains firent simplement venir les participants
à Rome pour les faire participer aux jeux qui y étaient
organisés.
Ces quelques précisions laissent entrevoir le caractère
très relatif de la paix olympique entre les cités
grecques et la prétendue inviolabilité de la
ville sainte...
Il paraît plus légitime de supposer que la
paix olympique était une paix armée,
au mieux un armistice fragile entre des protagonistes qui
conduisaient une autre forme de guerre, la guerre olympique,
pour paraphraser le titre d'un ouvrage contemporain.
De fait, la trêve olympique n'était qu'une phase,
une pause provisoire, dans l'opposition des Etats-cités,
et les jeux olympiques eux-mêmes représentaient
un enjeu considérable dans la course à la suprématie.
Coureurs de dolichos, c'est-à-dire
24 stades, soit 4.250 m
(vase grec à figures noires, VIe s. av. n.E.
- Northampton, Castle Ashby) |
Chronologie des disciplines
sportives à Olympie
A l'origine, il n'y avait qu'une simple course à
pied. Petit à petit de nouvelles épreuves
vinrent s'ajouter, et les jeux passèrent de un,
deux, trois jours, à cinq et jusqu'à sept
jours. Voici la liste chronologique de ces disciplines,
d'après J.-M. Brohm.
1ère Olympiade (776 av. n.E.) :
course du stade
14e Olympiade (724 av. n.E.) : le diaulos, la course
du double stade
15e Olympiade (720 av. n.E.) : la course de fond, le
dolichos ou 24 stades
18e Olympiade (708 av. n.E.) : le pentathlon et la lutte
23e Olympiade (688 av. n.E.) : la boxe
25e Olympiade (680 av. n.E.) : les courses de quadriges
33e Olympiade (648 av. n.E.) : le pancrace et les courses
de chevaux montés
37e Olympiade (632 av. n.E.) : la course et la lutte
pour juniors
38e Olympiade (628 av. n.E.) : le pentathlon pour juniors
qui ne fut organisé que lors de cette olympiade
41e Olympiade (616 av. n.E.) : la boxe pour juniors
65e Olympiade (520 av. n.E.) : la course d'hoplites
(course en armes)
70e Olympiade (500 av. n.E.) : les courses de biges
réservées aux mules, épreuve à
nouveau abolie à la 84e Olympiade
71e Olympiade (496 av. n.E.) : les courses de juments
84e Olympiade (444 av. n.E.) : les courses de biges
pour mules et de juments sont abandonnées
93e Olympiade (408 av. n.E.) : les courses de biges
(chevaux de deux ans)
96e Olympiade (396 av. n.E.) : les concours de hérauts
et de trompettistes
99e Olympiade (384 av. n.E.) : les courses de quadriges
réservées aux poulains
128e Olympiade (268 av. n.E.) : les courses de biges
réservées aux poulains
131e Olympiade (256 av. n.E.) : les courses de poulains
montés
145e Olympiade (200 av. n.E.) : le pancrace pour juniors
|
Le programme des jeux
Les Jeux se déroulaient à la nouvelle lune précédant
le solstice d'été. On ignore, en revanche l'agencement
exact des épreuves à l'intérieur du festival,
ainsi que la durée totale des jeux. Les jeux passèrent
successivement de une, à deux, à trois, puis
cinq pour atteindre le nombre maximum de sept journées.
Cette évolution est due à l'ajout de nouvelles
disciplines, mais on ignore les dates effectives de ces transformations.
D'après
Bengtson le déroulement des jeux en six jours aurait
été le suivant : |
— |
Premier jour
: agôn des trompettistes et des hérauts,
prestation du serment, préparatifs divers. |
— |
Deuxième
jour : agôn des juniors. |
— |
Troisième
jour : le matin agôn hippiques, l'après-midi
pentathlon, le soir cérémonie funéraire
en l'honneur d'Achille et de Pélops. |
— |
Quatrième
jour (jour de la pleine lune) : sacrifice de l'hécatombe
par les Eléens, repas au Prytanée. |
— |
Cinquième
jour : le matin les courses, l'après-midi la
lutte, la boxe, le pancrace et la course des hoplites. |
— |
Sixième
jour : le matin récompenses des vainqueurs,
le soir repas en l'honneur des hôtes. |
Ce programme
aurait été celui de la 77e Olympiade en
472 av. n.E.
Pour d'autres auteurs, par exemple Elie
Fallu et son équipe, on peut répartir
les épreuves comme suit : |
— |
Premier jour
: les cérémonies en l'honneur de Zeus. |
— |
Deuxième
jour : les courses à pied (épreuves
éliminatoires). |
— |
Troisième
jour : le pentathlon (le disque, le saut, le javelot,
la course et la lutte). |
— |
Quatrième
jour : la lutte, le pugilat, le pancrace. |
— |
Cinquième
jour : les finales de courses à pied. |
— |
Sixième
jour : les courses de chevaux. |
— |
Septième
jour : les cérémonies de clôture
(7) |
On sait qu'à partir de 472, les jeux duraient cinq
jours. Pendant cette période et le temps nécessaire
au voyage d'aller et de retour, les Etats grecs belligérants
établissaient une trêve. De là l'idée
de paix, associés aux jeux sportifs. Dispersés
au quatre coins de la Méditerranée, de l'Espagne
à l'Egypte et jusqu'au fond de la mer Noire, les Grecs
sentaient le besoin de se rappeler que même en désaccord
politique, ils formaient une communauté unique, celle
des descendants d'Hellen, face aux barbares, aux «bafouilleurs».
Les Jeux panhelléniques - olympiques, néméens,
pythiques et isthmiques - étaient là pour le
leur rappeler. Pourtant, la plupart des compétitions
étaient d'inspiration militaire - la lutte, la boxe,
le lancer du javelot, la course d'hoplites. De fait, le sport,
dans l'Antiquité comme de nos jours, n'est qu'une forme
sublimée de la guerre - il suffit de regarder les excès
d'enthousiasme des supporteurs de tout poil. Qu'on se souvienne
qu'alors que l'Empire byzantin se faisait ratatiner de toutes
parts, les exploits des Verts et des Bleus dans l'hippodrome
de Constantinople offraient à leurs clubs de supporteurs
l'ersatz de victoire qui sur les champs de bataille faisait
défaut à l'Empire défaillant, le sentiment
d'euphorie collective généré par le spectacle-opium
qui fait oublier la réalité politique...
Dans l'Antiquité, les compétiteurs
étaient des aristocrates amateurs, qui avaient les
moyens de se consacrer à leur entraînement et
à faire le voyage. Coubertin prônera lui aussi
l'amateurisme, ce qui n'empêchera pas, au fil du temps,
les athlètes de se professionnaliser. De fait, l'Antiquité
avait connu la même dérive : en participant à
des jeux, des gens du peuple acquéraient un statut
social plus intéressant; ils se mirent donc à
sillonner le monde pour se produire partout où il s'en
donnait.
Pour les athlètes, la nudité
était de rigueur. Il semble qu'elle ait été
imposée par l'exemple des Spartiates à partir
de la 32e Olympiade (en 651) (THUCYDIDE, G. Pél.,
I, 6. 4-6). Certains auteurs nuancent cette affirmation, arguant
que pas plus que les hoplites lourdement cuirassés
ne combattaient nus alors qu'ils sont souvent figurés,
dans la statuaire, en «nudité
héroïque», les athlètes statufiés,
en réalité se protégeaient les parties
intimes avec un suspensoir...
La question reste en suspens(oir), mais l'argument ne nous
convainc pas !
Selon Ph. de CARBONNIÈRES
(8),
l'athlète grec figuré sur cette céramique
porterait un suspensoir. A notre avis, le trait qui
marque la taille n'est rien d'autre que l'indication
du ligament inguinal descendant de la crête
iliaque supérieure. Pour donner du relief à
leurs images plates les artistes-céramistes savaient
finement observer l'anatomie humaine. Ainsi, sur d'autres
vases, la ligne blanche, qui est cette ligne
verticale qui sépare les muscles de l'abdomen
droits et gauches...
Cela dit, si un adepte du naturisme ne verrait sans
doute aucun inconvénient à courir ou lancer
disque et javelot les valseuses à l'air, on peut
effectivement concevoir que dans le cas de la lutte
certaines précautions se justifieraient, même
à ses yeux ! |
«Nous sommes
des hommes libres, de pure race hellénique, n'ayant
jamais commis de crimes ni de sacrilèges. Nous
jurons de nous conformer loyalement aux règles
du concours...» (UDERZO
& GOSCINNY, Astérix aux Jeux Olympiques).
En réalité, nous ignorons les termes exacts
du ce serment; c'est par extrapolation qu'on l'a recréé
à partir des qualités exigées des
compétiteurs... |
«Je jure être de pure race grecque...»
Les Jeux olympiques, toutefois, ne célébraient
que l'identité grecque. «Je jure être
de pure race grecque...» Ainsi le roi de Macédoine
Alexandre Ier «le Philhellène», dont les
forêts avaient largement contribué à la
victoire de Salamine, avait dû justifier de son origine
argienne pour être autorisé à concourir.
Et il faudra que son descendant demi-barbare Philippe de Macédoine
impose son hégémonie sur le monde grec pour
qu'il y soit admis à son tour - lui et, plus tard,
son fils Alexandre III «le Grand». Philippe y
remporta une victoire hippique en 356 (106e Olympiade).
Pareil pour les Romains. Tibère, le futur empereur,
triompha à l'hippodrome en 4 av. n.E. (194e Olympiade),
de même Germanicus en 17 de n.E. (199e Olympiade) et
l'empereur Néron en 65-66 (211e Olympiade).
C'est un peu irritant de voir des Gaulois, des Espagnols,
des Germains, des Egyptiens mal dégrossis dans leurs
costumes nationaux, concourir aux J.O. d'Astérix. Certes,
dans la mesure où il avait obtenu la citoyenneté
romaine, un ressortissant de n'importe quel peuple de l'Empire
pouvait prétendre y participer - le dernier vainqueur
olympique connu fut un boxeur, le prince arménien Varazdatès,
en 385 de n.E. -, mais là déjà nous sortons
de l'esprit olympique originel pour entrer dans une phase
de décadence, qui allait aboutir à son interdiction
par le christianisme quelques années plus tard...
Pour nous symboles de
paix à cause de la trêve qu'ils instauraient,
les Jeux olympiques en réalité préparaient
à la guerre. En effet, pour les anciens Grecs,
peuple belliqueux, les trêves conclues avec le
voisin-ennemi à l'issue d'un conflit épuisant
étaient l'exception, tandis que l'état
d'hostilité était la norme (9).
Ici, la course en armes. Amphore panathénaïque
(323-322 av. n.E.), Musée du Louvre. Extr. Ph.
de CARBONNIÈRES, Olympie. La victoire pour
les dieux, CNRS, 1995 |
Tricherie et corruption
Dans l'Antiquité, le sport était une offrande
au dieu; de nos jours il est devenu un business juteux (les
droits télévisuels, par exemple). Comme il faut
relever toujours plus haut la performance, battre les records
homologués, la tricherie, le dopage sont de persistants
fléaux à combattre. Mais la tricherie existait
déjà dans l'Antiquité, des athlètes
cherchaient à corrompre des juges. Deux séries
de six statues de Zeus - les Zanes -, dont on peut encore
voir les socles à Olympie, furent érigées
avec l'argent des amendes imposées aux tricheurs.
Sans aller jusqu'à recourir à la «potion
magique» de Panoramix, ni aux drogues usitées
par nos modernes athlètes, J.-M. Brohm rappelle ces
«... cas occasionnels de corruption et de tricherie
(...) liés aux manifestations générales
de cette époque (10).»
En 388 avant J.-C., lors de la 98e Olympiade, on note le premier
cas rapporté de corruption ouverte : le boxeur Eupolos
(ou Eupolis) avait acheté trois de ses adversaires
dont le tenant du titre dans la précédente olympiade.
Tout se déroula comme prévu jusqu'à ce
qu'Eupolos refusât de payer la somme convenue, alléguant
après coup qu'il ne devait la victoire qu'à
sa seule supériorité.
»Devant cette forfaiture ses comparses le dénoncèrent
aux juges. Le sénat d'Olympie mit tout le monde à
l'amende. Ces amendes servirent à édifier six
statues de Zeus en bronze. qu'on plaça dans l'Altis,
tout près de l'entrée du stade. Ces statues
furent appelées Zanes. Sur le socle de la première
on inscrivit : «Ce n'est pas avec de l'argent mais
avec des jambes rapides et un corps robuste qu'on remporte
la victoire d'Olympie.» Sur la seconde : «Cette
statue a été élevée en l'honneur
de la divinité par la piété des Eléens
et aussi pour inspirer la crainte aux concurrents déloyaux.»
»Lors de la 112e Olympiade, en 332 avant J.-C.,
on observa un autre cas de corruption. L'Athénien Callippos,
un pentathle, avait soudoyé ses adversaires pour s'assurer
la victoire. La chose fut découverte. Et lorsque les
Athéniens refusèrent de payer l'amende ils furent
exclus des jeux» (11).
B. Les J.O. modernes
C'est en 1894, que le baron Pierre de Coubertin (1863-1937)
eut l'idée de restaurer les Jeux olympiques. Les premiers
J.O. modernes eurent lieu à Athènes du 6 au
15 avril 1896 : un quinzaine de nations y alignèrent
311 participants, dont 230 grecs, 19 allemands, 14 américains,
19 français et 8 britanniques qui se partagèrent
43 médailles d'or. Les compétiteurs étrangers
étaient, pour la plupart, de riches touristes de passage
dans la capitale grecque. Pour la circonstance, on inventa
une nouvelle discipline sportive inconnue des J.O. antiques
: le marathon. Depuis lors, les J.O. modernes
se tinrent régulièrement dans différentes
villes de la planète choisies par le C.I.O., tous les
quatre ans à l'exception des années de guerres
mondiales (1916, 1940 et 1944).
Pour promouvoir son image internationale quelque peu obérée
par la «guerre froide», l'Union soviétique
- renonçant à ses «Spartakiades des Peuples»,
concurrentes des J.O. dans le Bloc communiste - rejoignit
le mouvement olympique en 1952 (XVe J.O. d'Helsinki). L'U.R.S.S.
devait bientôt accueillir à Moscou en 1980 les
XXIIe J.O., manifestation qui ne se fit pas sans faire grincer
les dents au moins autant que les XIe J.O. de Munich (1936)
(12).
Pierre de Coubertin, fondateur
des J.O. modernes, vu par Pierre Léon Dupuis
- détail de la couverture de Claude MOLITERNI
(sc.) & P. DUPUIS (d.) [texte encyclopédique
: B. LAGRANGE], L'Aventure olympique, de l'Antiquité
à 1924, C.I.O.-Dargaud, 1990 |
Coubertin était un fervent sportsman - équitation,
aviron, cyclisme, natation, tennis - qui, à l'exemple
des Britanniques, croyait aux vertus pédagogiques de
l'exercice physique. Mais ne nous leurrons pas : c'était
aussi un homme de son temps, avec les idées de son
époque. L'époque où, après avoir
asservi les Indiens d'Amérique du Nord et du Sud, les
Européens réduisaient en esclavage les nègres
d'Afrique, exterminant qui ne voulait pas récolter
l'ivoire ou le caoutchouc. Certes, quelques esprits éclairés
et en avance sur leur temps dénonçaient bien
cet état de chose, comme Joseph Conrad dans Au cur
des ténèbres (1899), accablant réquisitoire
sur le Congo de Léopold II.
Jean-Marie Brohm, dans un décapant Mythe Olympique,
a montré l'attachement de Pierre de Coubertin aux valeurs
«civilisatrices» du colonialisme - quoi d'étonnant
? - et de la civilisation européenne, son adhésion
aux valeurs «bourgeoises» (sic).
Sous la plume de Coubertin - note J.-M. Brohm -, l'exemple
de l'Antiquité est une métaphore de la France
impérialiste :
La France est pour Coubertin la continuatrice des légions
romaines et elle se doit de terminer leur uvre de conquête
et de civilisation. «C'est qu'en plantant en 1830,
écrit-il, le premier jalon de la civilisation
française sur la terre d'Afrique, nos soldats n'ont
pas seulement repris l'uvre romaine détruite
par les barbares (sic), mais ils l'ont reprise à
la manière romaine.» Et Coubertin chante alors
«la gloire des légions françaises»
qui «comme les ruines de Timgad sont un monument
évocateur de la puissance des légions romaines.
Les unes et les autres ont fécondé, en le conquérant,
le sol ennemi. Et par les mêmes méthodes»
(BROHM, op. cit., p. 384).
La guerre sublimée ?
Le sport - le sport de masse, celui qui attire les foules
et attise les passions de supporteurs «fanatiques»
-, n'est qu'un avatar édulcoré de la guerre.
Il n'est que de considérer les métaphores bellicistes
utilisées par les journalistes et commentateurs sportifs.
«Syndrome moderne de l'anti-intellectualisme dominant
- note J.-M. Brohm -, le goût du sang, de la violence
physique, de la barbarie corporelle, de la sauvagerie «païenne»
est un substitut à tout l'éthos de guerre et
à l'idéologie militariste qui traverse de part
en part la culture impérialiste en crise. Le sport
n'est pas la guerre, dit-on souvent. En effet. Néanmoins
il en tient lieu : le sport est un mimodrame imaginaire de
la guerre, une transposition fantasmée de tous les
mécanismes et de toutes les phases essentielles de
l'affrontement armé. Dans le sport on joue innocemment
à la «guéguerre» tout en sachant
très bien que les chocs musculaires y préparent
merveilleusement. Pas plus que la guerre, le sport n'est nullement
un jeu. Les coups sont réels, les armes aussi et l'issue
est toujours, comme dans la guerre, l'anéantissement
physique de l'adversaire» (BROHM, op. cit.,
p. 148).
J.-M. Brohm se fait un jeu de cerner le militarisme de celui
qui réinventa les Jeux et entretient une relation mi-fascinée
mi-révulsée avec les organisateurs des Jeux
de Muniche (1936). «Comme les classes sociales, les
familles politiques ne se trompent jamais sur leurs vraies
racines. Aussi, je crois que Carl Diem, le nazi (13),
a dégagé un aspect important de l'uvre
de Coubertin : son militarisme, son idéologie de la
paix armée. «A l'époque moderne, écrit
Diem, revit cet esprit militaire des jeux olympiques.
Coubertin, leur rénovateur, avait du sang de soldat
dans les veines. Il abhorrait le pacifisme et toute nébuleuse
utopie de paix. Ses uvres pédagogiques, historiques,
politiques nous montrent un caractère intrépide,
celui du véritable guerrier» (14).
»Quoi qu'il en soit exactement de la caractérisation
précise qui convient le mieux à Coubertin, il
est difficile de nier que la tendance d'ensemble de son entreprise
est réactionnaire du début à la fin.
Ce qui n'empêche pas des îlots progressistes ou
des intuitions progressistes localisées»
(BROHM, op. cit., p. 379).
Si tous les gars du monde voulaient se
donner la main ?
«L'athlète exalte sa patrie, sa race, son
drapeau», assurait P. de Coubertin dans «Les
assises philosophiques de l'olympisme moderne» (15).
Assertion quelque peu amendée depuis par le C.I.O.
: «Les J.O. sont des compétitions entre individus
et non entre nations» (Art. 7 du règlement
du Comité olympique).
Dans l'Antiquité, pour pouvoir concourir aux Jeux,
l'athlète devait prouver être de race grecque,
citoyen non frappé de quelque peine infamante comme
p. ex. l'exil, un sacrilège etc. Tout naturellement
et mutatis mutandum, lors de leur restauration à
la fin du XIXe s., un concurrent se devait d'appartenir à
une blanche nation européenne, de celles qui étendaient
leur emprise coloniale sur le vaste univers qui constituait
leur potager. Cela allait même de soi, point n'était
besoin de le proclamer. C'était l'époque où
l'on décimait les sauvages - on ne disait pas encore
«peuples de couleur», pas plus que non-voyant
pour aveugle - pour mieux les assujettir, et où l'on
en exhibait des spécimens dans des foires coloniales,
pareils aux animaux dans les parcs zoologiques.
Les géographes de l'Antiquité,
et après eux ceux du Moyen âge, avaient spéculé
sur nos lointains cousins du bout du monde, hommes à
tête de chien ou lions à face humaine etc. C'est
ainsi qu'après quelques tentatives ponctuelles en 1855
et 1867, la France - pour l'édification du populo et
la démonstration des bienfaits de la colonisation qui
allait tirer ces sauvages de la barbarie - la France, donc,
de 1877 à 1931 exhiba dans des jardins zoologiques
ou dans des expositions officielles, les populations «exotiques»
de son empire. En 1877, un million de Parisiens purent ainsi
visiter des Nubiens et des Eskimos au Jardin d'acclimatation.
Pareillement dès 1874, en Allemagne, Karl Hagenbeck,
un négociant en animaux sauvages qu'il revendait à
des zoos, organisa l'exhibition de Lapons et de Samoans.
Aux Etats-Unis, Phileas Taylor Barnum avait fondé à
Manhattan, en 1841, un musée des freaks proposant
aux curieux d'admirer des particularités anatomiques
monstrueuses; il allait bientôt s'intéresser
aux Peaux-Rouges, ces monstres sanguinaires chasseurs de scalps...
en attendant le fameux Wild West Show de Buffalo Bill (16)
!
Londres ne devait pas demeurer en reste,
accueillant - notamment - et dès 1810, la fameuse «Vénus
hottentote», Saartjie Baartman, attirée dans
la capitale de l'Empire britannique par deux impresarios véreux
et la promesse d'y faire une carrière artistique rémunératrice.
Remarquable de par les caractéristiques de sa race
- soit un podex d'envergure ! - Miss Baartman fut exploitée
dans des conditions sordides, traînée de cirques
en foires, voire en soirées privées, elle sombra
dans la prostitution avant d'être, en 1814, revendue
à un montreur d'animaux qui l'amena à Paris.
Malade, déprimée, elle y décédera
de pneumonie le 1er janvier 1816 à l'âge de 25
ans. Cuvier disséqua son corps, et le Musée
de l'Homme empailla sa dépouille pour la placer dans
une vitrine, tandis que son cerveau et ses viscères
atterrissaient dans des bocaux de formol.
En 1994, l'ethnie khoisan réclama la restitution du
macabre trophée colonial. Coup de pub, évidemment.
Mais suite à la campagne médiatique qui s'ensuivit,
ses restes seront finalement restitués à l'Afrique
du Sud le 29 avril 2002 (17).
Tel est le contexte dans lequel s'élabora
la renaissance des J.O. : celui d'une Europe triomphante et
coloniale, technologiquement supérieure à toutes
les autres nations (18).
Les premières éditions des nouveaux Jeux olympiques
sont donc, bien entendu, réservées aux Européens.
Qui aurait l'idée de concourir avec des Nègres,
des Hindous ou des Chinois ? Impensable. Et puis, s'ils gagnaient
? Si les sujets de l'Empire s'avisaient un jour qu'ils sont
aussi bons, sinon meilleurs, que le maître européen
? Les premiers sportifs «ethniques» n'apparurent
qu'à la troisième édition des jeux (Saint-Louis,
1904).
Les IIIe J.O. de Saint-Louis (1er-29 octobre
1904)
Le rituel des J.O. modernes mit quelques décennies
à s'élaborer (la flamme, le serment, etc.).
Les premiers J.O. modernes s'associèrent souvent à
certaines manifestations commerciales. Ainsi les J.O. de 1904
s'organisèrent-ils de concert avec l'Exposition universelle
de Saint-Louis, aux Etats-Unis (Louisiana Purchase Exposition).
Ce furent les premiers J.O. modernes à instaurer des
médailles d'or, d'argent et de bronze (chose impensable
dans la Grèce antique qui ne reconnaissait que le premier,
jamais les second ou troisième !). Mais ces Jeux de
Saint-Louis se virent discrédités par la tenue
de deux «Journées anthropologiques» fort
critiquées. C'est ainsi que, de la manière la
plus officielle, les comités français et britanniques
s'abstinrent d'y envoyer une délégation. Résident
américain, le Français Albert Corey - médaille
d'argent du marathon - s'y engagea à titre individuel.
Sous cette appellation savante de «Journées anthropologiques»
se cachait une initiative scandaleuse qui «exposait»
au public - comme dans un zoo - des Pygmées, des Kafirs
africains, des Ainous japonais, des Patagons, des Moros et
des Igorots des Philippines, ainsi que des Sioux d'Amérique
du Nord. Ces compétitions à caractère
raciste étaient réservées «aux
représentants des tribus sauvages et non civilisées»
furent ainsi organisées. Le fameux chef apache Géronimo,
qui avait rendu les armes entre les mains du général
Miles dix-huit ans plus tôt, y participa. Pierre de
Coubertin s'opposa à cette «mascarade outrageante
qui, ajouta-t-il, se dépouillera naturellement
de ses oripeaux, lorsque ces Noirs, ces Rouges, ces Jaunes
apprendront à courir, à sauter, à lancer
et laisseront les Blancs derrière eux» (19).
Réaction assez ambiguë, quand on connaît
les idées du personnage. Néanmoins, les J.O.
de Saint-Louis déçurent tellement qu'on intercala
une «seconde session» deux ans plus tard à
Athènes (1906).
Les races inférieures plus sportives
? Danger ! «Cette idée n'était pas
neuve à proprement parler - note J.-M. Brohm -,
puisque dès 1905, lors du Congrès international
de Sport et d'Education physique tenu à Bruxelles,
une commission s'était penchée sur «les
exercices physiques aux colonies». En 1913, au Congrès
international de Psychologie et de Physiologie sportives,
le sujet était à nouveau abordé et l'on
pouvait lire quelques perles classiques : «Certains
esprits, écrit un folliculaire nommé Georges
Rouland, paraissaient redouter que les victoires sportives
des indigènes portassent atteinte au prestige de la
race dominante et que l'on risquât de voir ces victoires
exploitées comme un encouragement à la rébellion
ou au mépris des Européens; cette éventualité
ne serait à craindre que si l'on voulait donner une
importance exagérée et déplacée
aux manifestations sportives [...]. Nous sommes donc convaincus
que l'extension des sociétés de sport largement
ouvertes aux indigènes ne peut que faciliter les progrès
de la colonisation, et certes la renaissance sportive, qui
s'enorgueillit déjà avec juste raison de faciliter
le rapprochement des nations civilisées, aura un nouveau
titre à la reconnaissance de l'humanité puisqu'elle
aura contribué, sinon à la fusion et à
l'assimilation des races, tout au moins à la civilisation
des peuples» (20).»
Quoi d'étonnant si Adolf Hitler, aux J.O. de Munich
de 1936, refusa de serrer la main de l'athlète noir
américain Jesse Owens lorsqu'il battit l'Allemand Luz
Long et rafla quatre médailles : Hitler quitta la tribune
pour ne pas avoir à le saluer.
Coubertin avait plutôt été prophète.
En 1968, l'on assista au triomphe des athlètes de couleur
six mois après l'assassinat de Martin Luther King,
et en 1976, la plupart des pays africains boycottèrent
les J.O. de Montréal à cause de la Nouvelle-Zélande,
«coupable» d'avoir envoyé ses rugbymen
disputer des matches en Afrique du Sud.
Il n'en alla guère différemment
pour les femmes, qui ne furent admises aux J.O. qu'avec beaucoup
de réticences : en 1904, pour la première fois,
six femmes participèrent aux épreuves; en 1912
à Stockholm, 57 femmes concourent (pour 2.490 hommes);
en 1928 à Amsterdam, 328 athlètes féminins
(pour 4.066 masculins) furent, pour la première fois,
officiellement reconnues comme telles. En vérité,
rien de bien surprenant sous le soleil : il en allait ainsi
et partout de la condition féminine - les trois «K»
: Kirche, Kuche und Kinder, «l'église,
la cuisine et les enfants», peu importe la langue en
définitive - comme de la reconnaissance des races de
couleur...
La fascination de l'Ordre Noir
Dans les années 20, déjà, «Coubertin
[s'était relativement détaché] de
son uvre olympique, note J.-M. Brohm. Il n'assiste
pas aux jeux d'Amsterdam (1928), ni à ceux de Los Angeles
(1932) et de Berlin (1936). Cependant il voit se lever une
figure étrange qui l'intrigue et dont il sent confusément
l'importance historique : celle du Führer et chancelier
du Reich, Adolf Hitler. Dans ses Mémoires manuscrits
inédits, il écrit ceci : «Voici que
sur le seuil de la célébration de la onzième
des Olympiades (1936) dont j'ai restitué le cours se
montre cette étrange figure d'Adolf Hitler, l'une des
plus curieuses et des plus inattendues que j'aie rencontrées
en étudiant l'histoire.» Coubertin, comme
la plupart de ses contemporains bourgeois, est fasciné
par cette volonté de lutte et cette énergie
nationaliste qu'incarne le dictateur nazi. Aussi ne condamnera-t-il
jamais le régime SS. Il tiendra au contraire des
propos qui vont de l'indifférence ambiguë à
l'approbation explicite. En 1933, alors que Hitler avait déjà
pris le pouvoir comme l'on sait, il écrit une lettre
au président du conseil de la Société
des Nations où il stigmatise le relâchement des
murs et la licence littéraire, source, selon
lui, de tant de désordres.» Et Brohm de poursuivre,
en bon trotskyste, son analyse marxiste : «Il ne
voit pas au contraire que le véritable désordre
est introduit par les restructurations du capitalisme pour
essayer de résoudre la crise mortelle qui l'affecte
en mettant en avant des solutions fortes et expéditives
(nazisme, mussolinisme, franquisme, etc.). Coubertin, en piètre
politique, s'en prend naïvement aux mentalités»
(21).
Adolf Hitler était fasciné par l'architecture
et l'Empire romains, symboles de domination qu'il rêvait
d'égaler. Il estimait que «l'histoire romaine
dans ses grandes lignes est, et restera, le meilleur exemple;
non seulement pour aujourd'hui, mais sans doute pour tous
les temps à venir», rappelle J.-M. Brohm
(22),
mais l'âme germanique était traditionnellement
portée vers le culte de la Grèce antique, comme
l'illustre par exemple la Walhalla de Louis
Ier de Bavière. Au long du XIXe s., les philologues
allemands avaient développé à partir
des parentés entre idiomes de diverses cultures la
vision des «Indo-Germains», nos «Indo-Européens»,
une théorie essentiellement linguistique qui devait
aboutir aux délires racialo-linguistique (23)
sur la supériorité d'une prétendue «race
aryenne». Martin Bernal expose dans le tome I de Black
Athena (24) comment,
prenant le contre-pied du «Modèle Ancien»
- c'est-à-dire les origines orientales de la civilisation
dont témoigne non seulement la Bible mais aussi les
Grecs eux-mêmes (25)
-, ces doctes savants posèrent sans le vouloir aux
XVIIIe-XIXe s. les fondements du national-socialisme en révisant
l'Histoire de l'Humanité. Ainsi, «le philosophe
nazi Alfred Baeumler, professeur à l'Université
de Berlin (...) théoris(a) une origine commune
(Urverwandschaft) de l'«Aryen» et du «Grec
héroïque et actif» dont la vision du monde
s'oppose à la vision «romaine, politique et religieuse»»
(D. , op. cit., p. 41).
Les «Atlantologues» qui nous
liraient se souviendront sans doute de la curieuse théorie
d'un pasteur allemand, Jürgen Spanuth, exposant que la
«race grecque», ou plus précisément
les Doriens, avait vu le jour dans la Chersonèse cimbrique,
c'est-à-dire le Jutland. Au XIIIe s., ces Atlantes
germaniques en furent chassés - comme le seront un
millénaire plus tard Cimbres et Teutons - par un raz-de-marée
qui ainsi engloutit l'Atlantide (26).
Ils descendirent vers le sud pour arriver en Grèce
où ils se rendirent maîtres du Péloponnèse
et de la Crète. Ces guerriers nordiques, blonds aux
yeux bleus comme il se doit, firent partie de ces «Peuples
de la Mer» qui attaquèrent l'Egypte de Ramsès
III. Ils sont représentés sur les bas-reliefs
de Medinet Habou, avec leurs casques à cornes ou leurs
couronnes de roseaux. Ainsi les Germains seraient-ils, à
travers les Grecs, les véritables fondateurs de la
Civilisation occidentale. Cet étroit cousinage des
Grecs et des Germains, cette origine germano-atlante des Doriens
«Peuple de la Mer» ne doivent pas nous apparaître
comme le simple fruit des élucubrations d'un brave
«curé de campagne» dans sa paroisse de
Bordelum, passionné des antiquités locales de
son Schleswig-Holstein. Non, le pasteur luthérien Jürgen
Spanuth (1907-1998), docteur en théologie et en archéologie
- qu'il étudia aux universités de Vienne, Tübingen,
Berlin et Kiel - avait eu dans sa poche, comme beaucoup d'autres,
une carte du NSDAP, et sa thèse ne faisait que refléter
l'idéologie et le credo scientifique du IIIe Reich,
les délires d'Alfred Rosenberg et alii. «Nous
savons aujourd'hui pourquoi l'ancienne Grèce a toujours
attiré les grands esprits du peuple allemand: c'est
la parenté raciale qui nous rend compréhensible
l'esprit de la culture grecque [...]. C'est seulement pour
cette raison que le peuple allemand comprend le monde de l'Antiquité,
parce que cette culture antique a grandi, tout comme la culture
allemande, dans un patrimoine héréditaire nordique
(27).»
Le stade de Munich et Olympie
Daphné Bolz rappelle dans ses Arènes
totalitaires que le premier projet de stade pour Munich,
à l'été 1933, ne consacrait qu'un budget
minime au décorum (2.000 DM !). C'est Hitler, en 1934,
qui souhaita développer l'écrin artistique du
Reichssportfeld en y ajoutant des uvres plastiques
orientées vers la Grèce, mais une Grèce
colossale, compromis entre l'antique et le moderne. «Un
Comité artistique (Kunstausschuss) est formé
autour du sous-secrétaire d'Etat Hans Pfundtner, afin
de s'occuper spécifiquement des questions artistiques
du Reichssportfeld. C'est un comité très
politique; il est composé «du président
de la Chambre de la culture du Reich, d'un représentant
des architectes, des sculpteurs et des peintres, ainsi que
des délégués artistiques des ministères
de la Propagande et de l'Education» (28).»
Qu'on examine bien les sculptures du Reichssportfeld,
le stade de Munich 1936 : les statues «à l'antique»
n'ont certes pas la finesse des uvres de Praxitèle
ou de Scopas ! Ce sont des uvres rugueuses, mal dégrossies,
dans la veine du réalisme prolétarien - ou,
s'agissant des nazis, faut-il parler «d'héroïsme
prolétarien» ? -, époustouflantes de puissance,
mais aucunement de grâce !
«Dans de nombreuses publications,
remarque D. Bolz, le Reichssportfeld est continuellement
placé en lien direct avec la tradition antique. Dans
le Rapport officiel des Jeux olympiques de Berlin, on peut
lire que «la force de l'esprit olympique acquiert aussi
son sens par les constructions auxquelles il a donné
naissance dans la période moderne» (29).»
Cerise sur le gâteau, Adolf Hitler, la veille de l'ouverture
des Jeux de Munich annoncera la reprise des fouilles archéologiques
à Olympie, commencées sous Bismarck par Ernst
Curtius (1814-1896) qui les avait menées de 1875 à
1881. Espérant beaucoup, et avec raison, de l'impact
de cette initiative culturelle, le IIIe Reich instrumentalisait
Olympie et les Jeux olympiques aux fins de sa propagande :
Plus calculée, plus stratégique, fut encore
l'annonce, par le Führer, de la poursuite des fouilles
d'Olympie, la veille de l'ouverture des Jeux: après
ce coup de théâtre, les Jeux de Berlin étaient
définitivement soustraits à toute critique
- et tel était bien l'objectif poursuivi par Hitler.
Comment un peuple s'investissant autant dans la connaissance
de l'Antiquité et organisant des Jeux olympiques
avec une telle perfection aurait-il pu être condamné
par le CIO (30)
?
L'effet de propagande joua à plein puisque la décision
du Reich fut maintenue secrète le plus longtemps
possible. Une note de Hans Pfundtner, secrétaire
d'Etat au ministère de l'Intérieur, souligne
en effet que «le Führer souhaitait par ailleurs
que l'affaire soit traitée de la manière la
plus confidentielle possible» (31).
L'annonce officielle de la reprise des fouilles par le
Reich hitlérien à l'ouverture des Jeux fut
donc une surprise énorme pour les membres du CIO,
lesquels, déjà enchantés par l'organisation
berlinoise, voyaient ici une preuve supplémentaire
de la sympathie du nazisme pour les valeurs olympiques;
ils se trouvaient ainsi renforcés dans leur conviction
que le choix de soutenir la «nouvelle Allemagne»
dans l'organisation des Jeux de 1936 était le bon
choix (D. Bolz , op. cit., p. 234).
Filmographie
Voilà les réflexions que nous inspirent l'année
olympique 2008, les J.O. de Pékin et le dernier Astérix.
Trois autres films (32)
avaient précédemment sanctionné des J.O.
Le premier était consacré à ceux de
Munich, Les Dieux du Stade (Olympia - I.
Fest der Völker, II. Fest des Schönheit, 1938)
de Leni Riefenstahl.
Comme plus tard Tokyo Olympiade, Les Dieux du Stade
est un reportage filmé des J.O., en l'occurrence ceux
sus-évoqués de Munich en 1936. Quelques images
évoquent l'Antiquité grecque, qui toujours eut
la faveur des Allemands (plutôt que la romaine).
Voyez par exemple la Walhalla, ce temple
grec d'ordre dorique, tout de blanc marbre de Carrare, érigé
près de Rastibonne entre 1830 et 1842, par Louis Ier
de Bavière. Du haut de sa falaise, il domine le Danube
d'une centaine de mètres. Dédié à
la gloire de la race germanique, il abrite les bustes de 122
grands hommes de l'Allemagne.
Chose amusante, dans Les Dieux du Stade la «réalisatrice
du Führer» filme la préparation des athlètes
allemands jusque dans le sauna, d'où ils sortent dans
la tenue de leur naissance, nus comme se doivent de l'être
de vrais athlètes grecs, mais marchant de travers comme
des crabes, serrant les cuisses pour qu'on ne voie pas leurs
parties sexuelles. Concession à la pudeur. Mais en
Allemagne, patrie du naturisme, ça étonne un
peu.
Affichette belge des Dieux du Stade
(Olympia) de Leni Riefenstahl, retraçant
les Jeux olympiques de 1936
(coll. M. Eloy) |
Le second est un péplum, La
bataille de Marathon (Jacques Tourneur & Mario
Bava, 1959), qu'un carton du générique le dédiait
aux J.O. de Rome 1960. Steve Reeves aurait participé
à l'élaboration du scénario. Il était
astucieux de le placer sous le signe de la fameuse bataille
de Marathon en 490 : la course du marathon est une invention
des J.O. modernes, dont le latiniste Michel Bréal tressa
le panégyrique enflammé. Le premier vainqueur,
aux J.O. d'Athènes de 1984, fut un porteur d'eau de
la banlieue d'Athènes nommé Spyridon Louÿs.
Un bémol toutefois : on voit Steve Reeves, aux jeux,
émerger de l'onde et du générique : il
n'y eut jamais de compétition de natation à
Olympie, dans l'Antiquité.
C'est arrivé à Athènes
(It Happened in Athens) (Andrew Marton, 1962), une
comédie assez peu connue avec Jayne Mansfield
(Les amours d'Hercule), évoque la création
des premiers Jeux olympiques de l'Ere moderne
|
Enfin, dans C'est arrivé à Athènes
(1962) sont évoqués les premiers Jeux olympiques
modernes fin du XIXe s., où apparaît le champion
olympique américain de décathlon Bob Mathias,
ex-Thésée (33).
Trax Colton incarne Spyros Louÿs, le vainqueur du premier
marathon (J.O. d'Athènes, 1896). Dans Atlas
(1961), filmé en Grèce, Roger Corman tentera
lui aussi de reconstituer les Jeux olympiques, avec un bémol
toutefois : la présence insolite d'une femme sur les
gradins, l'appétissante Barboura Morris venue acclamer
son champion.
Bibliographie
Jean-Marie BROHM, Le Mythe Olympique
«L'olympisme est une grande machinerie silencieuse
dont les rouages ne grincent pas», écrivait
Coubertin en 1920. Depuis le début de ce siècle
les jeux olympiques se succèdent avec une rigueur métronomique
seulement interrompue par les guerres mondiales. Cette continuité
historique est la première donnée des structures
imaginaires du mythe olympique. Mais à l'origine du
mythe il y a d'abord le mythe de l'origine : Olympie. La fondation
du discours est aussi un discours de la fondation : au début
était le sport, de tous les temps il y aura du sport,
les jeux olympiques sont la continuation transcendante d'une
«Idée» Olympique. La démystification
marxiste des jeux antiques perce à jour la racine de
l'olympisme : l'exploitation de classe des esclaves. Le discours
même du père fondateur de la horde olympique
apparaît comme un discours d'ordre et de réaction.
Ce livre, qui constitue la première partie d'une histoire
générale du mouvement olympique, est donc une
mise au point et même une mise en demeure : Coubertin
doit être pris au sérieux comme militant d'une
droite musclée, colonialiste et impérialiste.
[J.-M. BROHM - 4e plat de couverture.]
• Jean-Marie Brohm, né en 1940,
professeur d'éducation physique au Lycée Condorcet
(Paris), ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure
d'Education physique, a soutenu sa thèse de doctorat
d'Etat en sociologie en 1977 (Sociologie politique du sport,
J.-P. Delarge, 1976). Il participe activement aux campagnes
du COBA (boycott du Mundial) et du COBOM (boycott des Jeux
de Moscou) et défend à la télévision
et dans la presse les libertés démocratiques
et les droits de l'homme bafoués par les jeux du cirque
totalitaire. Parmi ses publications récentes : Critiques
du Sport, Christian Bourgois, 1976; Jeunesse et révolution,
Maspéro, 1975 (en collaboration avec Michel Field);
Partisans, Gardes-fous arrêtez de vous serrez les
coudes (sic), Maspero, 1975 (en collaboration); Corps
et politique, J.-P. Delarge, 1975; Contre Althusser,
10/18, 1974 (en collaboration); Qu'est-ce que la dialectique
?, Savelli, 1976; Les jeux olympiques de Berlin 1936,
Editions Complexe, à paraître. [1er rabat de
couverture, 1981.]
A gauche :
Jean-Marie BROHM, Le Mythe Olympique, Paris,
Christian Bourgois éd., coll. «Quel corps
?», 1981. (Le document de couverture : Werbe-Postkarte
Nr 6 für die Olympischen Spiele 1936, Herausgegeben
von Propagandaauschuss f.d, Die bibliophilen Taschenbücher,
Harenberg Kommunication 1980.)
A droite : Daphné BOLZ, Les arènes
totalitaires. Hitler, Mussolini et les jeux du stade,
Paris, CNRS Editions, 2008 |
Daphné BOLZ, Les arènes
totalitaires
A la fois fête des peuples et fête de la beauté,
les Jeux olympiques de Berlin ont été immortalisés
en 1936 par Leni Riefenstahl. Mais comment les «dieux
du stade» ont-ils contribué à l'affirmation
des nazis sur la scène internationale ? Et comment
comprendre l'incroyable puissance fusionnelle de ces célébrations
politico-sportives ?
A partir d'archives inédites, Daphné Bolz montre
comment les régimes d'Hitler et de Mussolini ont soumis
le sport à leurs objectifs de propagande. L'architecture
des stades fut mise au service d'un univers symbolique mêlant
mythologie de l'Antiquité et signes de la modernité.
Daphné Bolz décrypte les codes de cette esthétique
destinée à mettre en scène le triomphe
de l'Homme nouveau par et dans le combat sportif.
Une étude ambitieuse qui éclaire la genèse
de la «religion fasciste». [D. BOLZ - 4e plat
de couverture.]
• Daphné Bolz est docteur en
sociologie et en sciences du sport (Université Marc
Bloch de Strasbourg et Université Libre de Berlin).
Elle est actuellement chercheuse (Marie Curie Fellow)
au International Centre for Sport History and Culture,
de Montfort University, Leicester (UK).
NOTES :
(1)
Créateur et héros de la série Kaamelott.
- Retour texte
(2)
Il en existe plusieurs versions, sans doute parce que le
sanctuaire d'Olympie fut patronné successivement
par deux cités rivales : d'abord par Pise, qui met
en scène son roi mythique nomaos, et ensuite
Elis. Sur la (les) version(s) qui en attribuent la fondation
à Héraclès et/ou aux Dactyles crétois,
cliquez ICI.
- Retour texte
(3)
Mon il ! Alafolix vit dans le village des «irréductibles
gaulois», où il mène une vie saine,
sans se soucier de savoir si la terrine de pâté
est halal, etc. La référence sociologique
tombe donc d'elle-même. N'empêche que c'est
un con, Alafolix. Ou un niais. Oui, tout compte fait, ce
serait plutôt d'un «roman d'apprentissage»
que veut nous entretenir le film. Patron, une autre cervoise,
s'il te plaît ! - Retour texte
(4)
M.C. HOWATSON (sous la dir.) - UNIVERSITÉ D'OXFORD,
Dictionnaire de l'Antiquité. Mythologie, littérature,
civilisation (The Oxford Companion to Classical Literature,
1989), Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1993,
p. 413. - Retour texte
(5)
De 1912 à 1948, il y eut des concours d'architecture,
de sculpture, de reliefs et médailles, de peinture
et de littérature. - Retour
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(6)
D'après J.-M. BROHM, op. cit., pp. 267-270,
292. - Retour texte
(7)
J.-M. BROHM, op. cit., p. 299-298. - Retour
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(8)
Ph. de CARBONNIÈRES, Olympie. La victoire pour
les dieux, CNRS, 1995. - Retour
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(9)
Problèmes de la guerre en Grèce ancienne
(sous la dir. Jean-Pierre VERNANT) (1968), Ecole des Hautes
Etudes en Sciences Sociales, Seuil, coll. «Points
- Histoire», nç H265, 1999. - Retour
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(10)
H. BENGTSON, op. cit., p. 80. (Note BROHM, op.
cit., p. 264) - Retour texte
(11)
J.-M. BROHM, Le Mythe olympique, op. cit., p. 264.
- Retour texte
(12)
Cf. J.-M. BROHM, Le Mythe Olympique, Paris,
Christian Bourgois éd., coll. «Quel corps ?»,
1981 - ouvrage virulent et critique de l'olympisme.- Retour
texte
(13)
Sous la république de Weimar, Carl Diem (1882-1962)
était déjà très actif dans le
domaine de la propagation des activités sportives.
C'est lui qui imagina la course du flambeau pour les J.O.
de 1916, annulés, mais qui fut officiellement adoptée
en 1936. Officier dans la Reichswehr, il n'adhéra
jamais au NSDAP quoique sympathisant du régime. Sous
le IIIe Reich, il demeura comme précédemment
le secrétaire du Comité allemand d'organisation
des Jeux olympiques (COJO) (N.d.M.E.). - Retour
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(14)
Carl DIEM, L'idée olympique dans la nouvelle Europe,
Institut Terramarre, Berlin W8, 1943 (BN 8ç Z 29 375 (5)),
p. 14. (Note BROHM, op. cit., p. 379). - Retour
texte
(15)
Cité par J.-M. BROHM, op. cit., pp. 427-428
- d'après les textes réunis dans L'Idée
olympique, discours et essais, Stuttgart, Karl Hofmann
Verlag, 1967.- Retour texte
(16)
Cf. Pascal BLANCHARD et Gilles BOËTSCH, «Bêtes
de scène. Les zoos humains», in «France
coloniale, deux siècles d'histoire», Histoire
& Patrimoine, nç 3, Toulouse, Milan Presse, 2005,
pp. 59-61; Pascal BLANCHARD, «Des zoos humains aux
expositions coloniales», in «La colonisation
en procès», L'Histoire, nç 302, octobre
2005, pp. 62-65. - Retour texte
(17)
N'eut été le caractère sordide et raciste
(enfin... on peut le voir comme ça, quand on n'a
pas de bon avocat) de cette exhibition, la dissection et
la production de pièces anatomiques (ô mânes
de Vésale !) n'a rien que de très banal, rien
de vraiment choquant en soi. Même si de nos jours
encore une exhibition, comme le Körperwelten
(2001) du Prof. Gunther von Hagen - son procédé
de plastination permettant l'admirer 200 corps humains écorchés-morts
- n'aurait rien de choquant, même si elle suscita
malgré tout quelques réactions mitigées...
- Retour texte
(18)
Ainsi, dans la Chine de 1900 où les endroits fréquentés
par les Blancs étaient «Réservés»,
c'est-à-dire «interdits aux chiens et aux Chinois»
- seuls les Japonais y étaient tolérés
car relevants d'une puissance industrielle qui, avec les
Blancs, participait au dépeçage du Céleste
Empire. - Retour texte
(19)
P. de COUBERTIN, Mémoires Olympiques, Comité
International Olympique, Lausanne, 1931 - cité par
Wikipedia («Les J.O. d'été de 1904»).
- Retour texte
(20)
BROHM, op. cit., p. 408, citant : G. ROULAND, «Les
Sports et la colonisation en Algérie», in Congrès
International de psychologie et de physiologie sportives,
Imprimerie E. Tosco et Cç, Lausanne, 1913, pp. 173 et 174.
- Retour texte
(21)
J.-M. BROHM, op. cit., p. 424. - Retour
texte
(22)
Adolf HITLER, Mein Kampf, Munich, 1933, p. 469-470,
in Ibid. (Note de D. Bolz.) - Retour
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(23)
Dans son prodigieux roman Les Bienveillantes, Jonathan
LITTELL glose avec beaucoup de pertinence sur la théorie
linguistique arbitrairement transposée sur le plan
biologique par les théoriciens nazis. - Retour
texte
(24)
Martin BERNAL, Black Athena. Les racines afro-asiatiques
de la Civilisation classique (1987), Presses Universitaires
de France, tome I, L'invention de la Grèce (1785-1885),
1996 - tome II, Les sources écrites et archéologiques,
1999. - Retour texte
(25)
Les Grecs revendiquaient la dette dont ils étaient
redevables vis-à-vis de Danaos l'Egyptien, fondateur
d'Argos, et de Cadmos le Phénicien, fondateur de
Thèbes, qui leur enseigna l'alphabet. - Retour
texte
(26)
Se basant sur les légendes locales frisonnes, Jürgen
Spanuth situe Basiléia, la Ville Royale de l'Atlantide
à huit kilomètres au large d'Héligoland
(heiliges Land, «l'île Sainte»),
laquelle par ailleurs était encore au Haut-Moyen
Age, et sans doute bien avant, le siège d'un culte
au dieu germanique Fositès, qu'il rapproche bien
entendu du grec Positès, Poséidon.
Nommé pasteur de Bordelum (Schleswig-Holstein) le
30 juillet 1933, il se passionna pour les pré- et
protohistoire(s) nord-européennes et s'intéressa
aux légendes frisonnes. Après l'intermède
de la Seconde Guerre mondiale, qui le vit d'abord mobilisé
dans la Kriegsmarine, puis versé dans l'infanterie
(blessé devant Léningrad en avril 1942, prisonnier
des Soviétiques en 1945, évadé), Spanuth
conçut sa théorie entre 1946 et 1948, mais
ne put faire plonger un scaphandrier qu'à l'été
1952. Celui-ci y découvrit par 7/9 m de profondeur
des amas rocheux qui seraient les vestiges d'une double
enceinte. Selon Spanuth, l'orichalque était l'ambre;
il y aurait eu également des gisements cuprifères.
Alors qu'il explorait la zone, la RAF vint bombarder le
site, un îlot désertique que les Britanniques,
qui l'avaient conquis, étaient en train d'évacuer
(il s'agissait de déstocker des munitions accumulées
pendant la Deuxième Guerre mondiale). A partir de
cet incident, les partisans de Spanuth élaboreront
une théorie du complot judéo-maçonnique
visant à détruire les preuves d'une Atlantide
aryano-germanique dans la mer du Nord. Ca ferait un beau
scénar pour une aventure de Blake et Mortimer ou
d'Indiana Jones, n'est-ce pas ?...
Cf. Jürgen SPANUTH, L'Atlantide retrouvée
? (Das Enträtselte Atlantis), Plon, 1954, 241 p.,
trad. Henry Daussy; Jürgen SPANUTH, Le secret de
l'Atlantide. L'empire englouti de la mer du Nord (Die
Atlanter, Tübingen, 1976), Copernic, coll. «Réalisme
fantastique» [dirigée par Jean Mabire], 1977,
355 p., trad. François Ponthier. Ce dernier titre
contient, en postface, une biographie de Spanuth par Alain
de Benoist. Voyez aussi Jean MABIRE, Thulé. Le
soleil retrouvé des Hyperboréens, d'abord
paru chez Robert Laffont (coll. «Les énigmes
de l'Univers», 1975), rééd. chez Pardès,
2002 [épuisé] - que nous n'avons pas consulté
et ce n'est pas faute de l'avoir cherché. Mabire,
croyait erronément qu'Héligoland, position
avancée de l'Allemagne en mer du Nord, aurait abrité
une base de sous-marins. - Retour
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(27)
Hans GLAUNUNG, Amtsblatt, 1936, Nichtamtlicher Teil,
S. 145 f., cité in Hajo BERNETT, Nationalsozialistische
Leibeserziehung, op. cit., p. 32. Alex Scobie souligne
que Hitler «dut importer des symboles politiques
en Allemagne et justifier leur présence sur la base
d'une fausse ascendance raciale, [à savoir] le mythe
que les Grecs et les Romains (à l'exception des Étrusques)
étaient les ancêtres des Allemands»
(Alex SCOBIE, Hitler's State Architecture, op. cit.,
p. 92). (Note de D. BOLZ, op. cit., p. 230.) - Retour
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(28)
BArch, R 43 II/729, BI. 196. Lettre de Pfundtner à
Lammers, 22.02.1935, p. 1. (Note de D. BOLZ, op. cit.,
p. 248.) - Retour texte
(29)
Organisationskomitee für die XI. Olympiade Berlin
1936 e.V. (éd.), XI. Olympiade Berlin 1936. Amtlicher
Bericht, Bd. I, op. cit., p. 129. (Note de D.
Bolz.) - Retour texte
(30)
Comme le souligne le Reichssportführer von Tschammer
und Osten dans une lettre à Hitler, la reprise des
travaux archéologiques à Olympie devaient
permettre de rappeler que «les fouilles des années
1875-1881 à Olympie sous la direction du professeur
Curtius, étaient la première grande action
culturelle entreprise par le Ier Grand Reich allemand uni
sous Bismarck». Von Tschammer und Osten ajoute
que «l'achèvement [des fouilles] par le
Troisième Reich prouverait au monde que l'aide à
la culture humaine est considérée comme un
devoir allemand». Le site d'Olympie attire déjà
de nombreux visiteurs et si les fouilles étaient
reprises «d'innombrables membres de tous les peuples
visiteraient cette action culturelle du Troisième
Reich». Et «au final, l'achèvement
proposé des fouilles d'Olympie serait admiré
en Grèce et par tous les autres peuples de culture,
et élèverait un monument à la gloire
du Troisième Reich en dehors de ses frontières».
BArch, R 43 II/729, Bl. 292. Lettre de von Tschammer und
Osten à Hitler, 11.12.1935, p. 1-3. Pour accomplir
ces travaux, un financement d'une hauteur de 300.000 reichsmarks
est extrait des entrées financières apportées
par les Jeux olympiques. Après avoir accepté
la poursuite les fouilles, Hitler charge le ministre de
Prusse et du Reich pour la Science, l'Éducation et
l'Instruction populaire d'organiser l'expédition.
BArch, R 43 II/729, Bl. 294. Lettre de Lammers au ministre
de Prusse et du Reich pour la Science, l'Education et l'Instruction
populaire, 28.12.1935 (Une autre copie de la lettre se trouve
dans: BArch, R 43 II/1229, Bl. 49). (Note de D. Bolz.)-
Retour texte
(31)
BArch, R 43 II/1229, Bl. 59. Note de Pfundtner sur la réunion
du 24.07.1936 concernant la poursuite des fouilles d'Olympie,
p. 5. (Note de D. Bolz , op. cit., p. 234.) - Retour
texte
(32)
Nous ne retiendrons pas le Tokyo Olympiad (Tôkyô
Orimpikku, 1965) de Kon Ichikawa, en dépit de
la superbe musique de Toshirô Mayuzumi, par ailleurs
également compositeur de la B.O. de The Bible...
in the Beginning de John Huston : il ne s'agit que d'un
reportage filmique. - Retour texte
(33)
Thésée et le Minotaure (Silvio Amadio,
1960). - Retour texte
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